« Ces femmes » ont du mal à démissionner au CEP

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Haïti/CEP/Dossier spécial

Ils étaient 9 : 5 hommes et 4 femmes, aujourd’hui ils ne sont que 5. Le Conseil électoral provisoire a perdu au cours de la « traversée électorale » 4 de ses 9 soldats, tous sont des hommes. Toutes les femmes sont restées à bord du navire soutenant leur capitaine.
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Elles répondent au nom de : Yolette Mengual, Lucie Marie Carmelle Paul Austin, Carline Viergelin et Lourdes-Edith Joseph Delouis.

Certaines sont décriées par plusieurs secteurs de la société ou abandonnées par les entités qui les avaient désignées au CEP; d’autres sont accusées d’implication dans des cas de fraudes et de corruption, malgré tout, ces conseillères électorales s’accrochent durement à leur poste.

Yolette Mengual en déficit de confiance

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Conseillère électorale Yolette Mengual

La représentante du secteur des Femmes au CEP, Yolette Mengual, a été accusée de corruption et d’avoir reçu des pots-de-vin du candidat à la députation de Ferrier- Les Perches, sous la bannière de la Plateforme Vérité, Gérald Jean, afin de favoriser ce dernier dans le dossier qui l’opposait à son concurent, Elience Petit-Frère, du parti politique « Fanmi Lavalas », au niveau du Bureau du Contentieux électoral national (BCEN).

La commission d’évaluation électorale indépendante, qui a pris naissance le 22 décembre 2015, avait recommandé aux   » différents secteurs ayant délégué un membre au sein du CEP de considérer avec sérieux et attention les dénonciations et les suspicions de corruption contre leurs membres et le cas échéant, prendre les dispositions qui s’imposent pour obtenir leur démission et leur remplacement dans un délai de 72 heures » (de la publication du rapport)  (article 11). La commission poursuit-elle à l’article 12 :  « Les membres du CEP et de l’appareil électoral qui font l’objet de plainte, doivent se mettre à la disposition de la justice ».

Suite à cela, Yolette Mengual avait annoncé le 12 janvier 2016, non pas sa démission, mais une suspension temporaire de ses activités au Conseil électoral provisoire (avec tous les privilèges liés à sa fonction) en vue de se mettre, dit-elle,  à la disposition de la justice face aux accusations de corruption dont elle faisait l’objet.  10 jours plus tard, le 22 janvier, le jour même où deux conseillers électoraux (Pierre Manigat Junior et Jaccéus Joseph) ont tourné le dos au Conseil, Yolette Mengual a annoncé reprendre ses services. A-t-elle entre temps été blanchie par la justice ?

Par ailleurs, l’organisation féminine très connue, la  Solidarité des femmes haïtiennes (Solidarite fanm ayisyèn) avait taxé Yolette Mengual de « prendre d’assaut » l’institution électorale.
La coordonnatrice générale de la SOFA, Marie Frantz Joachin, avait ordonné clairement à la représentante de ce secteur de se retirer et avait exhorté les autres organisations de femmes d’assumer leur responsabilité face à leur représentante. Yolette Mengual s’accroche toujours à son poste !

La représentante de l’Université n’a pas le soutien de l’Université

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La conseillère électorale Lucie Marie Carmelle Paul Austin

Lucie Marie Carmelle Paul Austin qui s’opposait ouvertement à la formation d’une commission indépendante devant évaluer les élections du 25 octobre 2015, avait même annoncé une démission en bloc des conseillers électoraux si toutefois une telle structure arrivait à être constituée. La commission a été formée, elle a remis son rapport et Marie Carmelle Paul Austin est ferme à la barre.

Entres autres, à peine désignée au CEP, Marie Carmelle Paul Austin avait fait l’objet de vives critiques d’un secteur de la société qui lui reprochait de n’avoir pas eu décharge de sa gestion comme ex-Ministre de l’éducation Nationale, sous la présidence de Jean Bertrand Aristide. En 2003, Marie Carmelle Paul Austin, ministre d’alors, avait été accusée par le directeur général du Ministère, à cette époque, Camille Gouin, de détournement de 14 millions de gourdes des fonds dudit ministère. Pour certains, elle devrait avoir décharge de sa gestion avant d’endosser le costume de conseillère électorale le 23 janvier 2015.

La représentante de l’Université à la 5ème structure électorale de l’aire Martelly, a été aussi décriée par le Rectorat de l’Université d’État d’Haïti (UEH).

« Afin que nul n’en prétexte ignorance, le Conseil de l’Université d’État d’Haïti précise que l’UEH n’a pas participé au choix de Madame Austin », selon une note portant la signature du recteur de l’UEH, Jean Vernet Henry.

« Le processus ayant abouti à ce choix est contraire aux règlements en vigueur », a précisé le Conseil de l’UEH dans cette note. Tout de même, Lucie Marie Carmelle Paul Austin est encore Conseillère electorale.

Carline Viergelin au CEP comme par magie

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La conseillère electorale Carline Viergelin

Pour sa part Carline Viergelin qui a été désignée en remplacement de Maître Néhémy Joseph qui avait remis sa démission le 2 octobre 2015, est rentrée au Conseil Electoral Provisoire, selon certains,  comme par magie. Puisse qu’aucun des deux secteurs (Vodou et Paysan) qu’elle devrait représenter au CEP n’ait endossé son choix.

Euvonie  Georges Auguste et Augustin Saint-Clou, les responsables des deux branches de la Confédération nationale des vodouisants haïtiens (Konfederasyon Nasyonal Vodouyizan Ayisyen) KNVA nient toute implication dans le choix de la vodouisante.

La même réaction du côté des structures paysannes, l’organisation « Tèt Kole Peyizan »  et la plateforme « kat je kontre » qui désapprouvent la présence de Madame Viergelin au CEP comme représentante du secteur paysan. Elles ont été même plus loin jusqu’à accuser le pouvoir exécutif d’investigateur de ce choix.

Donc, Madame Viergelin, sans bénédiction des secteurs pour lequels elle porte le chapeau siège en tant que conseillère electorale et est ferme au poste depuis le 14 octobre 2015.

Lourdes Edith Joseph Delouis, l’autre accusée de corruption

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La conseillère électorale Lourdes-Edith Joseph

La représentante du secteur syndical, Lourdes Edith Joseph Delouis a été aussi indexée, à côté de Yolette Mengual, dans des cas de corruption en rapport à son travail comme juge au Bureau du Contentieux Electoral National (BCEN), dans le dossier de Gérald Jean. Ce dernier avait déclaré avoir versé le montant de cinq mille (5000) dolars américains à la conseillère en vue de rendre un verdict en sa faveur.

En ce sens, l’ancienne secrétaire générale de la Confédération nationale des enseignantes et enseignants haïtiens (CNEH), a été appelée à démissionner de son poste de conseillère electorale.

 » Si  Lourdes Edith Joseph se souvient d’où elle vient et de ses combats, elle devrait être la première personne à partir (du CEP). Je ne sais pas si elle a oublié d’où elle vient… », avait déclaré le secrétaire général de l’Union nationale des normaliens haïtiens  (UNNOH), Josué Mérilien. 

Et voilà ces 4 femmes, membres d’un conseil électoral provisoire  décrié, et qui sont toutes rejetées par les secteurs qu’elles entendent représenter, à s’accrocher à leur poste, dont leur salaire mensuel s’élève à 240 000 gourdes plus d’autres frais et privilèges.

A l’instar du Titanic qui coule, ces conseillères ressemblent aux derniers musiciens à offrir les dernières notes de musique de l’espérance aux derniers naufragés à côté de leur Président Pierre Louis Opont, qui, en bon capitaine coulera en dernier avec son navire.

Vant Bèf Info