Haïti-Santé : Non à la consommation du Riz déversé à Tabarre! selon des spécialistes en santé

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Port-au-Prince, le 26 mai 2017.- Les réactions ne se sont pas fait attendre, suite à la découverte d’une cargaison de riz jetée à Tabarre dans la nuit du mardi 23 à mercredi 24 mai 2017 et dont la population n’a pas pris de temps pour s’y approvisionner en masse.

Des gens en train de récupérer le riz jeté à Tabarre

Une manne tombée du ciel, dirait-on, pour les habitants de la localité, qui en ont fait leur pitance quotidienne et même hebdomadaire ou mensuelle, ignorant littéralement ce à quoi ils sont exposés.

 

Selon le docteur Chenet Ulysse, spécialiste en santé publique, joint au téléphone par la rédaction de Vant bèf info (VBI), il s’agit là d’un véritable problème de santé et même de sécurité publique.

 

«Ce riz n’est-il pas un produit avarié? Les autorités ne devraient-elles pas interdire la récupération de ce riz par les citoyens?», se questionne le médecin.

 

Le riz est considéré comme un aliment transversal de luxe. En Haïti, se rappelle-t-il, l’augmentation du prix de ce produit en 2008 a même occasionné une émeute de la faim.

 

Pour le spécialiste en santé communautaire et président de Medic Haïti, une ONG locale travaillant dans le secteur de la santé, «vu l’importance de cette céréale dans l’assiette haïtienne, ç’aurait été quasiment impossible de déverser à même le sol toute cette montagne de riz, s’ils étaient en fait de bonne qualité».

 

Pour sa part, le docteur Odilet Lespérance, n’y va pas par quatre chemins pour montrer à quel point la population haïtienne est vulnérable. Elle est en outre exposée quodiennement à des problèmes d’ordre sanitaire et nutritionnel majeurs, sans avoir la moindre capacité d’y faire face.

 

«C’est dommage de le répéter, mais c’est en fait une réalité : ce riz jeté au bord de la Rivière grise fait déjà les délices des centaines de familles qui, grâce à cette nourriture, vont devoir apaiser une faim de loup qui les tiraille au quotidien », se désole le jeune spécialiste.

«Selon le dernier rapport de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), publié en février 2017, plus 38 % des ménages vivant en Haïti, soit 1.55 million d’habitants, sont en insécurité alimentaire, dont 5 %, soit un peu plus de 250 000, sévèrement affectés par ce phénomène.

 

La situation est alarmante car, en outre, 37 % de la population sont en insécurité alimentaire marginale, risquant ainsi de se retrouver dans une situation d’insécurité alimentaire plus grave en cas de manque d’assistance.

 

En plus, la CNSA estime que 53 % des ménages ont une consommation alimentaire inacceptable, et presque 20 % ont une consommation alimentaire pauvre», selon ledit rapport de la CNSA, consulté par la rédaction de Vant bèf info (VBI) et dont le docteur Odilet Lespérance y a fait référence.

 

Le Jeune médecin-journaliste, Secrétaire général du Réseau haïtien de journalistes pour la santé (RHJS) presse les autorités à agir vite afin d’éviter le pire. Il cite entre autres : les ministères de la défense, de l’intérieur, du commerce, de la santé publique, de la justice, à jouer pleinement leur partition chacun en ce qui le concerne afin de faire la lumière sur l’origine de ce riz, sa qualité nutritionnelle ainsi que sur les éventuels impacts qu’il pourrait avoir sur les personnes qui le consomment.

 

«Une fois les coupables identifiés (entreprises ou simples malfrats), il faudra rapidement prendre des décisions contre eux afin d’éviter que cela ne se reproduira plus», insiste le praticien d’un ton ferme.

Un message lancé à qui veut l’entendre. De toute évidence, une population laissée sans viatique et qui tire quotidiennement le diable par la queue, ne réfléchira pas deux fois avant de consommer ce riz qui continue de susciter des réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux, en particulier.

 

Vant bèf info (VBI)